LES DIFFÉRENTS ÉCOSYSTÈMES ATTEINTS PAR LA DISPARITION DES MASSIFS CORALLIENS
La disparition des coraux entraîne celle de nombreux autres écosystèmes, dont deux principaux: les mangroves et les herbiers. Ces trois biotopes sont étroitement liés. Les causes de leur disparition sont dues aux activités humaines, et les dégâts effectués sur l'un de ces écosystèmes se font ressentir sur les deux autres.
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Les mangroves, ensemble forestier tropicale, essentiellement composé de palétuviers.
Les herbiers, prairies sous-marines.
La mangrove est un ensemble forestier tropical, composé essentiellement de palétuviers. Ceux-ci constituent un réseau de racines impressionnant, qui plonge dans des eaux marécageuses. Or, la formation des mangroves dépend de manière importante des coraux. Certaines espèces de poissons perroquets se nourrissent de coraux : ils les broient, avalent les zooxanthelles et rejettent le calcaire du squelette sous forme de nuages de sédiments. Cela permet la constitution d'étendues de sable qui favorisent la formation de mangroves.

De plus, les mangroves absorbent une partie des polluants organiques, tels que le phosphore ou l’azote, qui peuvent être déversés dans les eaux par l’intermédiaire des rivières. A Mayotte, on remarque que le rôle des mangroves agit sur la dépollution des eaux usées domestiques. On sait également qu’elles jouent un rôle très important dans le cycle du carbone, car les palétuviers ont une croissance très rapide et développent une biomasse importante. Elles stockent en grande quantité de CO2, bien qu’elles ne représentent que 1% des surfaces de forêts tropicales.
Mais les mangroves sont également bénéfiques à l'homme. Effectivement, elles forment une barrière contre les catastrophes naturelles comme les tsunamis, et protègent ainsi les populations d'un territoire exposé, ou les côtes d'un pays. Les mangroves atténuent la force des vagues de manière considérable. En plus de cela, cet écosystème constitue une ressource alimentaire impressionnante pour les populations vivant à proximité de ces forêts. Un hectare de mangrove représente environ 400 kilos de poissons, crevettes, crabes ou mollusques. Le bois des arbres est aussi fortement utilisé pour la construction ou le chauffage.
Les mangroves constituent ainsi un rôle indéniable dans le monde animal et la société humaine.
Les coraux influencent également le bien-être des herbiers. Ceux-ci forment des prairies de plantes à fleurs, poussant dans des milieux salins, jusqu'à 40 mètres de profondeur. Au-delà, la lumière reçue est insuffisante pour que les plantes puissent effectuer la photosynthèse. Ces prairies prennent ainsi place dans les zones côtières, dans les lagons délimités par les récifs coralliens. Elles s'étendent sur une grande partie du globe, avec 177 000 km2 de superficie recouverte.
Ce biotope possède tout d'abord une place importante dans la chaîne-alimentaire. Les herbiers constituent un garde-manger pour de nombreuses espèces marines en voie critique de disparition, telles que les tortues marines (tortue luth, tortue verte). Les herbiers produisent, grâce à leur photosynthèse, de la matière organique nourrissant les oursins, les poissons et certains mollusques comme le lambi. Deuxièmement, ces plantes jouent le rôle de nurserie, pour les petits poissons. Une fois qu'ils ont atteint leur taille adulte, ceux-ci partent vivre dans les récifs, pour mieux se protéger des prédateurs. Les crustacés et les lamantins trouvent également refuge dans les herbiers, ainsi que les crocodiles d'eau de mer, dont les zones d'habitats ont déjà été considérablement détruites, ou encore certaines algues. Des animaux appartenant à tous les embranchements de la classification sont donc concernés. Les herbiers enrichissent ainsi fortement les zones de pêche, et ont un réel enjeu économique.
Mais leur indispensabilité pour l'environnement est encore plus importante que cela! En effet, les herbiers possèdent également un rôle très important dans le cycle du carbone. Ils absorbent en moyenne 3 fois plus de carbone que les forêts tropicales, soit 83 000 tonnes de carbone absorbé en un an par km2. Les forêts stockent le CO2 capté dans leur écorce durant une soixantaine d'années, contrairement aux posidonies, une espèce d'herbiers, qui en stockent effectivement 10 % dans leurs racines, mais qui en transfère 90% dans le sol sédimentaire. Les herbiers représentent donc 10% de l'absorption du dioxyde de carbone par les océans, alors qu'ils ne constituent que 0,2% de ces-derniers. Leur disparition provoquerait la libération de 299 millions de tonnes de carbone annuellement, 25% de plus que n’en libère actuellement la déforestation pour la même surface.
Enfin, tout comme les mangroves ou les récifs coralliens, les herbiers constituent une véritable protection contre les ouragans, tempêtes tropicales ou même tsunamis qui menacent les côtes. Ainsi, celles-ci sont mieux préservées de l'érosion.
Ces trois milieux de vies de centaines d'espèces marines sont donc un pilier de la biodiversité et du maintien de l'environnement, en plus d'être favorables à l'homme. Ainsi la disparition des coraux n'affecte-elle pas seulement ce seul écosystème, et les conséquences prennent-elles une ampleur d'une échelle plus grande et encore plus désastreuse.
La mangrove remplie plusieurs fonctions qui sont indispensables aussi bien à l'homme qu'à l'environnement. Tout d'abord, elle sert d'abris à une grande variété d'animaux, d’oiseaux, mais aussi à toutes sortes de mollusques et de poissons, de reptiles et d’insectes. Elle apporte aux espèces marines un endroit sûr et riche en nourriture, grâce au labyrinthe sous-marin que forment les racines des palétuviers. Les huîtres, moules ou crabes utilisent aussi ces racines comme support. De plus, les mangroves servent principalement de nurserie. En effet, cet écosystème est un lieu de reproduction pour de nombreux oiseaux et poissons, qui y naissent et grandissent pour partir vivre dans les coraux une fois qu'ils deviennent adultes. Il participe ainsi à l’équilibre qui se crée avec les herbiers et les récifs.